Τρίτη 10 Ιανουαρίου 2017

Le Petit Prince
4/4
Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j'avais écouté l'histoire du marchand en buvant la dernière goutte de ma provision d'eau:
-Ah! dis-je au petit prince, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n'ai pas encore réparé mon avion, je n'ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine!
-Mon ami le renard, me dit-il...
-Mon petit bonhomme, il ne s'agit plus du renard!
-Pourquoi?
-Parce qu'on va mourir de soif...
-Ç'est bien d'avoir eu un ami, même si l'on va mourir. Moi, je suis bien content d'avoir eu un ami renard...
“Il ne mesure pas le danger”, me dis-je. “Il n'a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit.”
Mais il me regarda et répondit à ma pensée:
-J'ai soif aussi. Cherchons un puits...
J'eus un geste de lassitude:
­-Il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l'immensité du désert. Cependant nous nous mîmes en marche. Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba, et les étoiles commencèrent de s'éclairer.Il était fatigué. Il s'assit. Je m'assis auprès de lui. Et, après un silence, il dit:
-Les étoiles sont belles, à cause d'une fleur que l'on ne voit pas. Le désert est beau, ajouta-t-il. Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c'est qu'il cache un puits quelque part.
Comme le petit prince s'endormait, je le pris dans mes bras et me remis en route. J'étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile. Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour.
            Cet puits ne ressemblait pas aux autres puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n'y avait là aucun village, et je croyais rêver.
-C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt: la poulie, le seau et la corde. Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie.
-Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur, répondis le petit prince

Puis après un silence il dit encore:
-J'étais tombé tout près d'ici...
Et il rougit.
Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j'éprouvai un chagrin bizarre. Cependant une question me vint:
-Alors ce n'est pas par hasard que, le matin où je t'ai connu, il y a huit jours, tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes régions habitées! Tu retournais vers le point de ta chute?
Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie "oui", n'est-ce pas?
-Ah! lui dis-je, j'ai peur...
Mais il me répondit:
-Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t'attends ici. Reviens demain soir...
Mais je n'étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser...

Il y avait, à côté du puits, une ruine de vieux mur de pierre. Lorsque je revins de mon travail, le lendemain soir, j'aperçus de loin mon petit prince assis là-haut, les jambes pendantes. Et je l'entendis qui parlait:
-Tu ne t'en souviens donc pas? disait-il.
-Si! Si! c'est bien le jour, une autre voix lui répondit
Le petit prince dit encore, après un silence:
-Tu as du bon venin? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir longtemps?
Je fis halte, le coeur serré, mais je ne comprenais toujours pas.
-Maintenant va-t'en, dit-il...je veux redescendre!

Alors j'abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond qui se laissa doucement couler dans le sable et, sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal.
Je parvins au mur juste à temps pour y recevoir dans les bras mon petit bonhomme de prince, pâle comme la neige.
-Quelle est cette histoire-là!
Il me regarda gravement et m'entoura le cou de ses bras. Je sentais battre son coeur comme celui d'un oiseau qui meurt. Il me dit:
-Je suis content que tu aies trouvé ce qui manquait à ta machine. Tu vas pouvoir rentrer chez toi...
-Comment sais-tu?
Il ne répondit rien à ma question, mais il ajouta:
-Moi aussi, aujourd'hui, je rentre chez moi...
Puis, mélancolique:
-C'est bien plus loine, c'est bien plus difficile...
Je sentais bien qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire.
-Petit bonhomme, tu as peur...
Mais il rit doucement:
-J'aurai bien plus peur ce soir.
De nouveau je me sentis glacé par le sentiment de l'irréparable. Et je compris que je ne supportais pas l'idée de ne plus jamais entendre ce rire. C'était pour moi comme une fontaine dans le désert.
-Petit bonhomme, je veux encore t'entendre rire...
Mais il me dit:
-Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l'endroit où je suis tombé l'année dernière...
-Petit bonhomme, n'est-ce pas que c'est un mauvais rêve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d'étoile...
Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit:
-Ce qui est important, ça ne se voit pas. Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C'est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C'est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder...Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau.
Il rit encore.
-Ah! petit bonhomme, petit bonhomme j'aime entendre ce rire!
-Justement ce sera mon cadeau.
-Que veux-tu dire?
- Toi, tu auras des étoiles comme personne n'en a. Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire!
Et il rit encore.
-Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m'avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir...Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras: "Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire comme cinq cent millions de grelots." Et ils te croiront fou.  Et il rit encore. Puis il redevint sérieux:
-Cette nuit...tu sais...ne viens pas.
-Je ne te quitterai pas.
-J'aurai un peu l'air de mourir. C'est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n'est pas la peine...
-Je ne te quitterai pas.
Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le joindre il marchait décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement:
-Ah! tu es là...
Et il me prit par la main.
-Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi je me taisais.
Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort:
-Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles.
Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...
-C'est là. Laisse moi faire un pas tout seul.
Il dit encore:
-Tu sais...ma fleur...j'en suis responsable! Et elle est tellement faible! Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde...
Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit:
-Voilà...C'est tout...
Il hésita encore un peu, puis se releva. Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger.
Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable.

Et maintenant, bien sûr, ça fait six ans déjà. Je n'ai jamais encore raconté cette histoire. Les camarades qui m'ont revu ont été bien contents de me revoir vivant. J'étais triste mais je leur disais: C'est la fatigue...
Maintenant je me suis un peu consolé. C'est à dire pas tout à fait. Mais je sais bien qu'il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n'ai pas retrouvé son corps.

Et j'aime la nuit écouter les étoiles. C'est comme cinq cent millions de grelots. Quelques fois je me demande: "Que s'est-il passé sur sa planète? Peut-être bien que le mouton à mangé la fleur..." Tantôt je me dis: "Sûrement non! Le petit prince enferme sa fleur toutes les nuits sous son globe de verre, et il surveille tous" Alors je suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement. Tantôt je me dis: "On est distrait une fois ou l'autre, et ça suffit! Il a oublié, un soir, le verre, ou bien le mouton est sorti sans bruit pendant la nuit..." Alors les grelots se changent tous en larmes!...

Pour vous qui aimez aussi le petit prince: Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûr de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert.  C'est le paysage que je l'ai dessiné pour bien vous le montrer. C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu. Et, s'il vous arrive de passer par là, je vous supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a les cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu'il est revenu...

Il y a six ans déjà que mon ami s'en est allé. C'est triste de perdre un ami. Tout le monde n'a pas eu un ami.

Δευτέρα 9 Ιανουαρίου 2017

Le Petit Prince
3/4

Le petit prince, une fois sur terre, fut bien surpris de ne voir personne. Il avait déjà peur de s'être trompé de planète, quand un serpent remua dans le sable.
-Bonne nuit, fit le petit prince à tout hasard.
-Bonne nuit fit le serpent.
-Sur quelle planète suis-je tombé? demanda le petit prince.
-Sur la Terre, en Afrique, répondit le serpent.
-Ah!...Il n'y a donc personne sur la Terre?
-La Terre est grande, dit le serpent. Les hommes occupent très peu de place sur la terre. En tout cas ici c'est le désert.
-Où sont les hommes? reprit enfin le petit prince.
- Il n'y a personne dans les déserts.
-On est un peu seul dans le désert...
-On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.
-Je me demande si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous... Mais comme elle est loin!
- Que viens-tu faire ici? demanda le serpent.
- J'ai des difficultés avec une fleur.
Ils se turent. Le petit prince le regarda longtemps:
-Tu es un drôle de bête, lui dit-il enfin, mince comme un doigt.
-Mais je suis plus puissant que le doigt d'un roi, dit le serpent. Il s'enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d'or et dit: Tu me fais pitié, toi si faible, sur cette Terre de granit. Je puis t'aider un jour si tu regrettes trop ta planète. Je puis...
- Oh! J'ai très bien compris, fit le petit prince.

Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu'une fleur.
-Bonjour, dit poliment le petit prince. Où sont les hommes?
-Les hommes? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup.
-Adieu, fit le petit prince.
-Adieu, dit la fleur.

Le petit prince fit l'ascension d'une haute montagne. "D'une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j'apercevrai d'un coup toute la planète et tous les hommes..." Mais il n'aperçut rien.
-Bonjour, dit-il à tout hasard.
-Bonjour...Bonjour...Bonjour...répondit l'écho.
-Qui êtes-vous? dit le petit prince.
-Qui êtes-vous...qui êtes-vous...qui êtes-vous...répondit l'écho.
-Soyez mes amis, je suis seul, dit-il.
-Je suis seul...je suis seul...Je suis seul...répondit l'écho.
"Quelle drôle de planète! pensa-t-il alors. Et les hommes manquent d'imagination. Ils répètent ce qu'on leur dit. Chez moi j'avais une fleur qui elle parlait toujours la première..."

Mais il arriva que le petit prince, ayant longtemps marché à travers les sables, les rocs et les neiges, découvrit enfin un jardin fleuri de roses.
-Bonjour, dirent les roses. Elles ressemblaient toutes à sa fleur. 
Il les regardait stupéfait. Sa fleur lui avait raconté qu'elle était seule de son espèce dans l'univers. Et voici qu'il en était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin!
Il se sentit très malheureux et il se dit encore: "Je me croyais riche d'une fleur unique et je ne possède qu'une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m'arrivent au genou, et dont l'un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fais pas de moi un bien grand prince..." Et, couché dans l'herbe, il pleura.

C'est alors qu'apparut le renard.
-Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli...
-Je suis un renard, dit le renard.
-Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
-Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "Créer des liens..."
-Créer des liens?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards.
Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres, le tien. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé doré comme tes cheveux? Alors ce sera merveilleux quand tu m'aura apprivoisé! Le blé me fera souvenir de toi et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur je crois qu'elle m'a apprivoisé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
-S'il te plaît...apprivoise-moi! dit-il enfin.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
-Que faut-il faire? dit le petit prince.
-Chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près. Et encore chaque jour Il eût mieux valu revenir à la même heure. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur. Il faut des rites, dit le renard.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard.
-Va revoir les roses, dit le renard un jour, et tu comprendras que la tienne est unique au monde.
Le petit prince s'en fut revoir les roses:
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Ma rose à moi est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée. Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Quand l'heure du départ fut proche:
-Ah!, je pleurerai dit le renard.  Puis il ajouta: Si tu reviendras me dire adieu, je te ferai cadeau d'un secret.
Et il revint:
-Adieu, dit-il...
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
“L'essentiel est invisible pour les yeux” répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
“C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose…” fit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes on oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
“Je suis responsable de ma rose...”répéta le petit prince, afin de se souvenir.

            Le petit prince avait longtemps marché quand il se rencontra l'aiguilleur.
-Que fais-tu ici? dit le petit prince.
-J'expédie les trains qui emportent les voyageurs, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.
-Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils?
-Rien du tout, dit l'aiguilleur. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.
-Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons,  elle devient très importante et si on la leur enlève, ils pleurent...
-Ils ont de la chance, dit l'aiguilleur.

            Un autre jour le petit prince se recontra le marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif.
- Pourquoi vends-tu ça? dit le petit prince.
-C'est une grosse économie de temps, dit le marchand.
"Moi, se dit le petit prince, si j'avais du temps à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine..."

Κυριακή 8 Ιανουαρίου 2017

                                                                   Le Petit Prince
                                                           2/4
Il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages. Il se trouvait dans la région des astéroïdes.



La première planète était habitée par un roi très vieux.

“Ah! Voilà un sujet” s'écria le roi quand il aperçut le petit prince. “Si votre majesté désirait être obéie, elle pourrait me donner l’ ordre de partir avant une minute”dit le petit prince et, le roi n'ayant rien répondu, il pris le départ. Durant son voyage se dit-il en lui même “Les grandes personnes sont bien étranges”.

La seconde planète était habitée par un vaniteux qui dès qu'il aperçut le petit prince s'écria de loin “Voilà un admirateur!”
 Le petit prince lui parlait mais il ne l'entendait pas. Les vaniteux n'entendent jamais que des louanges. Et le petit prince s'en fut. “Les grandes personnes sont décidément bien bizarres”, se dit-il en lui-même durant son voyage.

 La planète suivante était habitée par un buveur.

Cette visite fut très courte. Le petit prince s'en fut perplexe et dans une grande mélancolie. “ Les grandes personnes sont décidément très très bizarres”, se disait-il en lui-même durant le voyage.

La quatrième planète était celle du un businessman.

Cet homme était si occupé qu'il ne leva même pas la tête à l'arrivée du petit prince.
- Bonjour, lui dit celui-ci, que ce que tu fais?
Le businessman comprit qu'il n'était point d'espoir de paix.
- Je compte. Cinq cent, un million de...je ne sais plus..., dit le businessman, J'ai tellement de travail! Je suis sérieux, moi!
- Millions de quoi?
- Des étoiles.
-Et que fais-tu des cinq cent millions d'étoiles?
-Ce que j'en fais? Rien. Je les possède.
-Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles?
-Ça me sert à être riche.
-Et à quoi cela te sert-il d'être riche?
-A acheter d'autres étoiles et je puis aussi les placer en banque.
-Qu'est-ce que ça veut dire?
-Ça veut dire que j'écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j'enferme à clef ce papier-là dans un tiroir.
-Et c'est tout?
-Ça suffit!
- Mais tu n'est pas utile aux étoiles...
Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, et le petit prince s'en fut.
“Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires”, se disait-il en lui même durant son voyage.

La cinquième planète était la plus petite de toutes.
  
Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient server un réverbère et un allumeur de réverbères sur une planète sans maison, ni population.
Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur:
-Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère?
-C'est la consigne, répondit l'allumeur. La consigne c'est la consigne.
 Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était si fidèle à sa consigne. 
“Le seul par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même. Le seul j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n' y a pas de place pour deux...” se disait-il en lui-même durant son voyage.

              La sixième planète était une planète dix fois plus vaste.

 Elle était habitée par un vieux Monsieur qui écrivait d'énormes livres.
-Tiens! voilà un explorateur! s'écria-t-il, quand il aperçut le petit prince qui s'assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé!
- Quel est ce gros livre? dit le petit prince. Que faites-vous ici?
-Je suis géographe, dit le vieux Monsieur.
-Qu'est-ce un géographe?
-C'est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts.
-Ça c'est bien intéressant, dit le petit prince. Géographe!
-C'est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. La géographe ne quitte pas son bureau. Mais toi, tu viens de loin! Tu es explorateur! Tu vas me décrire ta planète!
-Oh! chez moi, dit le petit prince, ce n'est pas très intéressant, c'est tout petit. J'ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint. Mais on ne sait jamais. J'ai aussi une fleur.
-Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe.
-Pourquoi ça! c'est pas joli!
-Parce que les fleurs sont éphémères.
-Qu'est ce que signifie: "éphémère"?
Ça signifie "menacé de disparition prochaine".
-Ma fleur est menacée de disparition prochaine?
-Bien sûr.
“Ma fleur est éphémère”, se dit le petit prince, “et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre le monde! Et je l'ai laissée toute seule chez moi!”
Ce fut là son premier mouvement de regret. Mais il reprit courage:
-Que me conseillez-vous d'aller visiter? demanda-t-il.
-La planète Terre, lui répondit le géographe. Elle a une bonne réputation...
Et le petit prince s'en fut, songeant à sa fleur.

La septième planète fut donc la Terre. La Terre n'est pas une planète quelconque! Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.