Ο Μικρός Πρίγκιπας
προπαραμονή
βράδυ
της Πρωτοχρονιάς του ΄17
Οι καιροί κακοί, αλλά μ’ ένα ποτήρι Ιρλανδέζικο ουίσκυ μπορούσα να
κάνω σχέδια. Ήθελα έναν φίλο. Και νάτος! μαλλί, στολή, σπαθί στην εντέλεια!
Δυνατό το tullamore, σκέφτηκα, αλλά και πάλι κάπως έτσι δεν τελειώνει το βιβλίο; “Εσείς
που αγαπάτε τον μικρό πρίγκιπα όταν είσθε έξω τη νύχτα και κοιτάτε τον ουρανό μπορεί
να δείτε ένα παιδί να έρχεται προς το μέρος σας· εάν γελάει, αν έχει χρυσά
μαλλιά, εάν συνεχώς ρωτάει χωρίς να απαντά, θα μαντέψετε ποιος είναι.”
Κι΄ετσι ρώτησα τον μικρό μου πρίγκιπα χαλαρά, παίζοντας το παιχνίδι των αισθήσεων και των
παραισθήσεων:
-Πού ξεφύτρωσες
εσύ;
- Έχεις δει τον
φίλο μου τον αεροπόρο;
- Είναι ταξίδι, του απάντησα ξεροκαταπίνοντας.
-Α, έκανε στεναχωρημένος.
Να του πεις ότι ήρθα. Δεν μπορώ όμως να περιμένω· τα χαράματα περνάνε τα πουλιά
που θα με πάνε πίσω στον τόπο μου. Μπορώ να κάτσω εδώ μαζί σου;
- ΄Ελα. Του είπα
και του έκανα χώρο δίπλα μου. Βρήκα τι θα κάνουμε, θα σου διαβάσω το βιβλίο που
έγραψε πριν πολλά χρόνια ο φίλος σου για σένα. Όχι ολόκληρο, σχεδόν ολόκληρο,
για να προλάβουμε. Εσύ θα βλέπεις τις ζωγραφιές. Και θα στο δώσω να το πάρεις
μαζί σου.
-Είναι ωραίο
βιβλίο; Το αγαπούν τα παιδιά;
-Είναι το ωραιότερο βιβλίο του κόσμου. Το καταλαβαίνουν ακόμη και μερικοί μεγάλοι.
-Είναι το ωραιότερο βιβλίο του κόσμου. Το καταλαβαίνουν ακόμη και μερικοί μεγάλοι.
[ version courte par Zetti Vardaki ]
Il y a six ans j'étais bien
isolé dans le désert du Sahara. Quelque chose s'était cassé dans le moteur de
mon avion, et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me
préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C'était
pour moi une question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire pour
huit jours.
Le premier soir je me suis
donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. Alors vous
imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a
réveillé. Elle disait:
-S'il vous plaît...dessine-moi un mouton!
Et c'est ainsi que je fis la connaissance
du petit prince, un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me
considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j'ai réussi à faire de
lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle.
Quand je réussis enfin de
parler, je lui dis:
-Mais qu'est-ce que tu fais
là?
Et il me répéta alors, tout
doucement, comme une chose très sérieuse:
-S'il vous plait, dessine-moi
un mouton.
Il ne semblait pas entendre mes questions.
J'avais étudié la géographie, l'histoire,
le calcul et la grammaire mais je dis au petit bonhomme que je ne savais pas
dessiner. Il me répondit:
-Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.
Comme je n'avais jamais dessiné un mouton
je refis pour lui quelque chose et je fus bien
surpris de voir s'illuminer son visage.
- C'est tout à fait comme ça
que je le voulais!
Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait.
Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais
entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu,
m'ont tout révélé.
Ainsi, quand il aperçu pour la première fois mon avion
il me demanda:
-Qu'est
ce que c'est que cette chose-là?
-Ce
n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion.
Et
j'étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s'écria:
-Comment!
tu es tombé du ciel!
-Oui,
fis-je modestement.
-Ah!
ça c'est drôle...
Et
le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m'irrita beaucoup. Je désire
que l'on prenne mes malheurs au sérieux. Puis il ajouta:
-Alors,
toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?
J'entrevis
aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j'interrogeai
brusquement:
-Tu
viens donc d'une autre planète?
Mais
il ne me répondit pas. Et il s'enfonça dans une rêverie qui dura longtemps.
Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea
dans la contemplation de son trésor. Brusquement le petit prince m' interrogea,
comme pris d'un doute grave:
-C'est bien vrai, n'est-ce
pas, que les moutons mangent les arbustes?
-Oui. C'est vrai.
Je ne compris pas pourquoi il
était si important que les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit
prince ajouta:
-Par conséquent ils mangent
aussi les baobabs?
Je fis remarquer au petit
prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grand comme
des églises. L'idée fit rire le petit prince, mais il remarqua avec sagesse:
-Les baobabs, avant de
grandir, ça commence par être petit.
-C'est exact!
-Un mouton, s'il mange les
arbustes et les petits baobabs, il mange aussi les fleurs?
-Un mouton mange tout ce qu'il
rencontre.
-Même les fleurs qui ont des
épines?
-Oui. Même les fleurs qui ont
des épines.
-Alors les épines, à quoi
servent-elles?
Je ne le savais pas. J'étais
alors très préoccupé car ma panne commençait de m'apparaître comme très grave,
et l'eau à boire qui s'épuisait me faisait craindre le pire.
-Les épines, à quoi
servent-elles?
Le petit prince ne renonçait
jamais à une question, une fois qu'il l'avait posée. J'étais irrité et je
répondis n'importe quoi:
-Les épines, ça ne sert à
rien, c'est de la pure méchanceté de la part des fleurs!
-Oh!
Mais après un silence il me
lança, avec une sorte de rancune:
-Je ne te crois pas! les
fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent.
Elles se croient terribles avec leurs épines.
Je ne répondis rien. A cet
instant-là je me disais: "Si ce boulon résiste encore, je le ferai…."
Le petit prince dérangea de nouveau mes réflexions:
-Et tu crois, toi, que les
fleurs...
-Mais non! Mais non! Je ne
crois rien! J'ai répondu n' importe quoi. Je m'occupe, moi, des choses
sérieuses!
Il me regarda stupéfiait.
-De choses sérieuses!
Il me voyait penché sur un
objet qui lui semblait très laid.
-Tu parles comme les grandes
personnes! Et impitoyable, il ajouta:
-Tu confonds tout...tu
mélanges tout!
Il était vraiment très irrité.
Il secouait au vent des cheveux tout dorés:
-Je connais une planète où il
y a un Monsieur cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais
regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait
d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi: "Je
suis un homme sérieux! Je suis un homme sérieux!" et ça le fait gonfler
d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon!
-Un quoi?
-Un champignon!
Le petit prince était
maintenant tout pâle de colère.
-Il y a des millions d'années
que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les
moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux? Ce n'est pas
important la guerre des moutons et des fleurs? Et si je connais, moi, une fleur
unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit
mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte
de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?
Il rougit, puis reprit:
-Si quelqu'un aime une fleur
qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions d'étoiles, ça suffit pour
qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: "Ma fleur est là
quelque part..." Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme
si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient! Et ce n'est pas important
ça!
Il ne put rien dire de plus.
Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J'avais lâché mes
outils. Il y avait un petit prince à consoler! Je le pris dans les bras. Je lui
disais: "La fleur que tu aimes n'est pas en danger...Je lui dessinerai une
muselière à ton mouton. Je te dessinerai une armure pour ta fleur. Je..."
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. C'est tellement
mystérieux, le pays des larmes. Je le berçai. “Et si tu es gentil, je te donnerai
aussi une corde pour attacher le mouton.
La proposition parut choquer
le petit prince:
-L'attacher? Quel drôle
d'idée! Et mon ami eut un éclat de rire
-Mais où veux-tu qu'il aille!
-N'importe où. Droit devant
lui...
Alors le petit prince remarqua
gravement:
-Ça ne fait rien, c'est
tellement petit, chez moi! Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta:
Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin.
Vous imaginez combien j'avais
pu être intrigué par cette demi-confidence sur " chez moi ". Je
m'efforçai donc d'en savoir plus long:
-D'où viens-tu mon petit
bonhomme? Où est-ce "chez toi"? Où veux-tu emporter mon mouton?
Il me considérait avec un
silence méditatif.
Après quelques heures J'avais
appris une chose très importante: C'est que la planète d'origine de mon ami
était à peine plus grande qu'une maison!
Ça ne pouvait pas m'étonner beaucoup. Je savais bien qu'en dehors des
grosses planètes, il y en a des centaines d'autres qui sont quelque-fois si
petites qu'on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope.
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